Mémé dans les orties : entretiens avec ma grand-mère auvergnate

Photo de Solange

Solange Alice

Ma grand-mère, c’est Solange. 92 ans, un corps bossu et douloureux, sourde depuis ses 50 ans et se déplaçant avec son déambulateur que sa meilleure copine (de 95 ans) appelle “sa Mercedes”.

Solange est ma grand-mère maternelle, sa famille et celle de mon grand-père maternelle sont implantées depuis de nombreuses générations dans le Puy-de-Dôme (je ne me risque pas à dire depuis toujours, puisque l’arbre généalogique est loin d’être terminé, si tant est qu’il le soit un jour).

J’ai passé toutes mes vacances de petite fille en Auvergne et maintenant que ma mère a quitté la Loire où elle a vécu pendant 32 ans avec mon père pour revenir dans son petit village de Reignat (puy-de-dôme), je la vois toujours autant.

Un début de collecte écrite

En 2010, j’avais eu l’idée lumineuse de demander à Solange, qui avait l’habitude de nous raconter des histoires de sa jeunesse, de prendre des notes sur sa famille, ce qu’elle a très bien fait.

Je me suis retrouvée avec un ensemble de pages retraçant les faits marquants de ses familles maternelle et paternelle par individu. Elle a retracé chronologiquement la vie de chaque membre de la famille qu’elle a connu ou dont elle a entendu parler (on débute avec la fin de XVIII ème siècle)

Qui se transforme en collecte orale !

Ayant déjà effectué des collectes d’archives orales lorsque j’étais archiviste en archives communales, je me suis dit qu’il fallait que je l’enregistre ! Tout d’abord parce que l’écrit c’est sympa, mais que la spontanéité n’est pas toujours au rendez-vous et que l’écriture demande plus d’énergie, mais aussi parce que j’aurais la voix de ma grand-mère, son accent et ses tics de langage.

J’ai investi dans un dictaphone (60 euros), car j’avais peur que Solange ne se sente pas à l’aise avec une caméra.

Armée de mon dictaphone et ayant comme pilier son récit de 2010, nous avons parlé durant 4 séances, soit environ 4 heures.

Bien sûr, une première visite pour tâter le terrain était obligatoire (j’avais déjà fait part de mon envie de l’enregistrer lors d’un précédent courrier, parce qu’on s’écrit surtout toutes les deux). Cette première visite servait à avoir un accord bien sûr et à convenir des heures de rendez-vous (il est très important de trouver le moment opportun). Par ailleurs, je me suis rendue compte que cette première séance l’aidait à mobiliser ses esprits et je la retrouvais le lendemain avec plein de choses en tête.

Je sais ce que vous allez penser : méfions-nous des témoignages oraux ! La mémoire joue des tours, des faits sont déformés, inventés ou passés sous silence. Je m’en rends parfaitement compte, et j’essaye le plus possible lors de ces quatre interventions de lui faire préciser les dates et les lieux afin de vérifier les informations.

Ces quatre séances ont été très fructueuses. Aidée de son récit, fil rouge indispensable (sans ce lien, j’aurais bien sûr dû préparer une grille de questions), nous avons abordé chaque membre de la famille dont elle avait entendu parler.

Naissances, mariages, décès bien sûr, mais aussi anecdotes : la sévérité de sa mère, la naissance de sa nièce, l’arrivée de la première automobile dans le “pays”, les vendanges, le départ de mon grand-père au maquis, son vol plané dans les orties pour se cacher des nazis, la rafle de son beau-frère qui ne reviendra jamais…

Elle était ravie et m’attendait tous les matins pour continuer notre voyage dans le temps. Des séances de 1h à 1h30 étaient mises en place. Pas plus, pour ne pas la fatiguer.

Au bout de 2 séances, j’ai pris le pli de l’interviewer le matin et de partir à la chasse aux ancêtres dans les différentes communes qu’elle m’indiquait, l’après-midi. Et je revenais le lendemain avec des nouvelles infos, ou des précisions à demander.

Village de Reignat
Village de Reignat dans le Puy-de-Dôme

L’aventure continue

Honnêtement, sa mémoire est tout de même très bonne, j’ai retrouvé beaucoup de choses qu’elle m’a indiquées, mais des mystères restent entiers.

De prochains billets vont suivre et parleront d’anecdotes plus précises sur lesquelles je me suis penchée.

Forcément, un séance de visionnage de photographies anciennes a eu lieu et Solange, qui a tout compris, avait déjà inscrit les noms derrière les photos (au stylo malheureusement). Mettre des visages sur ces noms, quel bonheur !

Il restera une partie peu sympathique, longue et fastidieuse : la retranscription. Je ferai certainement un billet là-dessus.

Alors voilà, c’est un cri du cœur que je vous lance : enregistrez vos grands-parents ! Vous donnerez de la chair à votre histoire familiale, une véritable complicité se tisse et cette voix que vous avez entendue tant de fois, ne disparaîtra pas.

A bientôt !

L’Archi m’aide

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